Fragilisée par une fronde interne l’accusant de harcèlement et de racisme, Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), a quitté son poste et est remplacée par l’ex-ministre de l’égalité femmes-hommes Bérangère Couillard, une femme politique très engagée.
“Ayant décidé de démissionner du HCE afin d’en préserver la sérénité, j’ai informé le gouvernement de ma décision à temps pour qu’il puisse nommer quelqu’un pour me remplacer avant que ne s’ouvre la période de gestion des affaires courantes,” indique Mme Pierre-Brossolette. Selon un arrêté en date du 16 juillet et publié au Journal Officiel, “il est mis fin, dans l’intérêt du service, aux fonctions de Mme Sylvie Pierre-Brossolette”. Elle est remplacée par Bérangère Couillard, ex-ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et ancienne députée de Gironde, battue lors des dernières élections législatives.
“Sylvie Pierre-Brossolette a souhaité d’elle-même mettre un terme à ses fonctions pour préserver le HCE et ses travaux,” indique la ministre démissionnaire chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé. “Je la remercie pour les travaux essentiels du HCE et la visibilité nouvelle qui y a été donnée avec ses vice-présidents,” ajoute-t-elle. Quant à Bérangère Couillard, ministre sous le gouvernement d’Elisabeth Borne et députée sortante de Gironde, elle a porté par le passé “des sujets essentiels notamment sur la lutte contre l’industrie pornographique”.
Une fronde interne et des accusations révélées par Mediapart
La question du maintien de Sylvie Pierre-Brossolette à la tête du HCE avait été posée en mai, notamment par la CGT, après la révélation par Mediapart d’une lettre datée du 2 janvier 2024 dans laquelle les salariés du secrétariat général de l’instance disaient avoir été “témoins, de manière fréquente, de propos à la limite de la légalité tenus par la présidente et les coprésident.es”. L’équipe dirigeante était notamment accusée d’avoir tenu des “propos violents sur le ton de l’humour contribuant à banaliser et diffuser la culture du viol et à culpabiliser les victimes”, des “propos stigmatisants pour les personnes LGBT+, réitérés en dépit de mises en garde sur le sujet”, ou encore des “propos racistes et islamophobes”. Selon des salariés et d’anciens salariés, la direction avait été alertée “à plusieurs reprises” des problèmes rencontrés avec Sylvie Pierre-Brossolette et d’autres coprésidents, mais “n’a pris aucune mesure” pour remédier au “mal-être” et mettre un terme au “management toxique”. Une chargée de mission avait confié être en pleine “dissonance cognitive” en écrivant “dans les rapports qu’il est plus que jamais urgent d’écouter la parole des victimes, de lutter contre les abus de pouvoir”, tout en vivant “le contraire” au sein du HCE.
Mme Pierre-Brossolette avait “contesté formellement” les accusations portées contre elle et avait dénoncé une “volonté de déstabiliser” le HCE et sa ligne “abolitionniste et universaliste.”
Le HCE, une instance indispensable pour surveiller l’état de l’égalité en France et faire des recommandations
Créé en 2013 sous le quinquennat de François Hollande, le HCE, rattaché à Matignon, est notamment chargé de rédiger chaque année un rapport sur l’état du sexisme en France et d’évaluer les politiques publiques en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
Chaque année, ce rapport met en exergue l’état du sexisme en France, notamment persistant chez les jeunes et propose des actions concrètes pour pouvoir lutter contre les phénomènes de violences sexuelles, physiques, en ligne…Il regroupe des dizaines de personnalités qui travaillent à des sujets aussi différents que l’égalité salariale ou la lutte contre les violences dans la pornographie.
Bérangère Couillard, qui succède à Mme Pierre-Brossolette, est connue pour son engagement contre l’industrie pornographique et son travail en faveur de l’égalité entre les sexes. Son arrivée à la tête du HCE est perçue comme une tentative de restaurer la sérénité et l’efficacité de l’institution après une période de turbulences internes.
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