La DJ Barbara Butch, porte plainte pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort suite à sa participation à un tableau de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024, que certains ont pris pour une reproduction de «La Cène» de Léonard de Vinci.
Visée par une campagne de haine en ligne
Depuis un peu moins d’une semaine, Barbara Butch reçoit en permanence des messages d’insultes et menaces de mort. La DJ a donc annoncé avoir déposé plainte pour « cyberharcèlement » ce qui a donné lieu à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris.
Le parquet précise que le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a saisi l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) « d’une enquête portant sur les messages discriminants à raison de la religion ou de l’orientation sexuelle, qui lui ont été adressés ou postés en ligne et signalés par Pharos », plate-forme de signalement de contenus illicites sur Internet.
“Ces faits sont susceptibles d’être qualifiés d’injures aggravées par la discrimination, menaces de mort, et provocation publique aux atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique des personnes”, d’après le ministère public.
Le tableau “festivité” fait polémique
Sur Instagram, la DJ témoigne être visée par une campagne de haine en ligne, « particulièrement violente » après sa participation au tableau « Festivité » de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024.
Dans cette séquence filmée sur la passerelle Debilly et sous le feu ininterrompu de la polémique depuis, cette figure de la communauté queer apparaissait entourée, entre autres, de Nicky Doll, drag-queen animatrice de l’émission Drag Race France, Fauve Hautot, danseuse de l’émission Danse avec les stars.
“Menacée de mort, de torture et de viol”
“Barbara Butch est évidemment heureuse de savoir que l’OCLCH a été saisi”, réagit son avocate, Audrey Msellati. “Ce geste du PLNH est très fort car il signifie que les faits sont pris extrêmement au sérieux (…) et que l’enquête pourra être menée dans le cadre d’une entraide pénale internationale“, ajoute-t-elle.
“Si dans un premier temps j’ai décidé de ne pas prendre la parole pour laisser les ‘haters’ (“haineux” en français, NDLR) s’apaiser, les messages que je reçois sont de plus en plus extrêmes”, précise sur Instagram l’artiste française.
Dans un communiqué relayé sur le compte Instagram de Barbara Butch, Audrey Msellati a indiqué que l’artiste est “menacée de mort, de torture et de viol” mais aussi “visée par de nombreuses injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste et grossophobe”.
Un tableau critiqué dans plusieurs pays
Le comité d’organisation Paris-2024 a pour sa part “fermement condamné” le cyberharcèlement dont est victime “l’équipe artistique” de la cérémonie d’ouverture. “Nous sommes à leurs côtés et nous les soutenons”, déclare la directrice de la communication du Cojo, Anne Descamps.
Barbara Butch a performé lors du tableau intitulé “Festivité”, commençant par l’image d’un groupe attablé, dont plusieurs drag queens célèbres (Nicky Doll, Paloma et Piche), que certains ont interprété comme une parodie moqueuse du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci.
Cette séquence a été vivement critiquée par des responsables politiques d’extrême droite, notamment en France et en Italie, mais aussi par l’ex-président américain et candidat à la Maison Blanche Donald Trump, tandis que l’épiscopat français a déploré “des scènes de dérision et de moquerie du christianisme”. Le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture Thomas Jolly a démenti s’être inspiré de la Cène et affirme qu’il s’agissait “plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe”.