Aya Nakamura, la chanteuse francophone la plus écoutée au monde avec sept milliards de streams, s’est produite toute d’or vêtue, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. La franco-malienne a chanté aux côtés de la Garde républicaine et a fini sa performance au garde à vous, tout comme ses danseuses.
L’artiste a interprété un medley avec deux de ses tubes, “Pookie”, “Djadja”, et un standard de Charles Aznavour, “For me Formidable”.
Malgré l’indignation de l’extrême droite française au printemps dernier, l’artiste a enflammé les spectateurs qui se trouvaient tout le long des six kilomètres de la Seine.
Six ans de succès pour Aya Nakamura
C’est en 2018 que tout prend une tournure fulgurante pour Aya Nakamura, avec son morceau “Djadja”, qui compte aujourd’hui plus de 970 millions de vues sur YouTube.
Dès sa sortie, ce titre franchi les frontières françaises, et atteint la première place des charts aux Pays-Bas, un exploit qu’aucun artiste français n’avait réalisé depuis “Non, je ne regrette rien” d’Edith Piaf en 1961. Le succès mondial s’en est suivi juste après.
L’extrême droite contre Aya Nakamura
Dès la rumeur de sa participation à la cérémonie, évoquée dans l’hebdomadaire français L’Express, l’extrême droite a réagi sur les réseaux sociaux et les médias.
Au mois de mars déjà, un groupuscule poste sur les réseaux sociaux la photo d’une banderole, tendue sur les bords de Seine, proclamant: “Y’a pas moyen Aya (expression tirée de “Djadja”, NDLR), ici c’est Paris, pas le marché de Bamako !”
Sur ses propres réseaux, l’artiste accusait ses détracteurs d’être “racistes”. “Je deviens un sujet d’état numéro 1” et c’est ça “qui vous fait mal”, lance-elle, avant de conclure: “je vous dois quoi en vrai ? Kedal (rien)”.
“Les grands artistes bousculent les codes”
Alain Veille, patron de Warner Music France, a pris sa défense sur les réseaux: “Les grands artistes bousculent les codes, dérangent, et façonnent la culture. La haine et le racisme ne nous arrêteront pas”. Et de dérouler les chiffres de sa réussite: “7 milliards de streams dans le monde, depuis 5 ans l’artiste féminine française la plus streamée dans le monde, 3 Accor Arena (grande salle de concert à Paris, NDLR) remplis en 20 minutes”.
“Aya Nakamura est dans le top des ventes de 46 pays, c’est un instrument du ‘soft power’ français et les polémiques indignes n’y changeront rien”, insiste aussi Alexandre Lasch, responsable du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), lors d’un événement de cet organe représentatif devant les professionnels de la filière musicale.
Le talent pour capter l’air du temps
Née à Bamako et aînée d’une fratrie de cinq, rien ne prédestinait Aya Nakamura à une carrière aussi remarquable. Durant son enfance, sa famille a quitté le Mali pour s’établir à Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne.
Aya, issue d’une lignée de griots (poètes musiciens itinérants en Afrique subsaharienne), laisse rapidement tomber ses études de mode pour se consacrer pleinement à la musique. Son talent pour capter l’air du temps, son habileté à jouer avec la langue française et son argot varié ont fait le reste.
Des musiques autour du “sentiment amoureux sous toutes ses facettes”
Après son premier essai discographique, “Journal intime”, en 2017, la fusée décolle avec “Nakamura” (2018), nom issu d’un personnage de la série américaine “Heroes”. Suivront “Aya” (2020) et “DNK” (2023), lettres qu’on retrouve dans son nom de famille, Danioko.
La chanteuse disait en 2020 creuser toujours le même sillon: “le sentiment amoureux sous toutes ses facettes”. Ses mélodies brassent diverses influences, du zouk aux inclinaisons portoricaines. “J’ai imposé mon univers musical et c’est ce dont je suis la plus fière. Je fais la musique que j’aime, même si on veut me mettre dans des cases”.
Une popularité internationale
Chanter en français ne l’a pas empêchée de s’afficher sur les écrans XXL de Times Square à New York ou de faire danser les enfants de Madonna, comme on l’a vu sur les réseaux sociaux de l’interprète de “Like a virgin”.
Egérie Lancôme, jurée du télécrochet rap de Netflix “Nouvelle école”, l’artiste de 29 ans a aussi participé à un show interactif dans “Fortnite”, blockbuster du jeu vidéo, friand de collaborations avec les mégastars mondiales, comme le rappeur américain Travis Scott ou la vedette brésilienne du foot Neymar.