Assistantes maternelles : un métier à revaloriser face à la pénurie

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La rédaction

Les assistantes maternelles, souvent perçues comme des « nounous », jouent un rôle clé dans l’accueil des tout-petits. Cependant, leur métier est en déclin, avec un manque de reconnaissance et une diminution de leur nombre. Comment réinventer ce secteur pour qu’il devienne plus attractif et durable ?

Assistantes maternelles : un métier en souffrance

Les assistantes maternelles sont une part essentielle du dispositif d’accueil des jeunes enfants en France. Selon l’Observatoire national de la petite enfance (Onape), elles occupent plus de la moitié des places d’accueil, un chiffre impressionnant, mais qui cache une réalité plus complexe. En effet, leur nombre ne cesse de diminuer, et les départs à la retraite non remplacés accentuent cette tendance. En 2023, on dénombrait 227.100 assistantes maternelles, contre 308.900 en 2016. Un véritable recul qui aura des conséquences sur l’offre d’accueil d’ici 2030, où l’Observatoire de l’emploi à domicile estime la perte de 377.600 places d’accueil. Ce constat alarmant s’ajoute à un besoin de 200.000 places d’accueil supplémentaires pour les tout-petits, selon le gouvernement.

Un métier à réinventer pour faire face à la pénurie

La réalité du terrain est complexe. Muriel Mobio, assistante maternelle et cofondatrice d’une Maison d’Assistantes Maternelles (MAM) à Bordeaux, témoigne de cette épuisante polyvalence exigée par la profession. « En plus du nursing, on nous demande d’être psychologue, infirmière, commerciale, cuisinière, comptable », confie-t-elle. Ces exigences croissantes, associées à un salaire peu attractif (environ 1.800 euros nets par mois), soulignent un décalage flagrant entre les attentes sociales et la reconnaissance du métier. Pourtant, le nombre de places en crèches ne suffira pas à combler le vide laissé par cette pénurie d’assistantes maternelles.

Le secteur est particulièrement touché dans les grandes villes, où le coût de l’immobilier et les conditions de travail ne favorisent pas l’installation des professionnels. « Vous travaillez chez vous, vous ne sortez jamais. Je ne pense pas que ce soient les attentes des professionnels de nos jours », explique Cyrille Godfroid, co-secrétaire général du syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE). Ce manque de reconnaissance sociale exacerbe la crise. Le métier, jadis perçu comme une vocation, est devenu invisibilisé.

Des solutions pour redynamiser la profession

Face à cette dégradation, des solutions émergent. Le modèle des MAM, comme celle cofondée par Muriel Mobio, représente une alternative intéressante. Ces structures permettent aux assistantes maternelles de travailler ensemble dans un lieu commun, tout en bénéficiant d’une plus grande autonomie. Cependant, ce type de structure reste limité par des contraintes financières et la difficulté d’obtenir un logement adapté. « Les propriétaires et bailleurs sociaux refusaient de louer à une MAM », explique Muriel. Un obstacle supplémentaire à surmonter pour revitaliser la profession.

Un autre défi majeur est la rémunération. Le salaire horaire d’une assistante maternelle reste insuffisant, souvent autour de 4 euros de l’heure, bien en dessous du SMIC. Pour attirer de nouveaux professionnels et maintenir l’existant, il est nécessaire d’envisager une revalorisation salariale. Le secrétaire national du SNPPE plaide pour une réforme qui permettrait aux assistantes maternelles d’être salariées par des structures, plutôt que par les parents eux-mêmes, ce qui offrirait davantage de sécurité et de reconnaissance.

Un manque de reconnaissance sociale et professionnelle

La dévalorisation du métier est manifeste, comme en témoigne l’expérience de Manon Godefroit. Cette avocate a rencontré de nombreuses difficultés pour trouver une assistante maternelle à Bordeaux, ce qui témoigne d’une offre bien insuffisante face à la demande croissante. « Après des dizaines d’appels à des nounous, qui n’avaient plus de places, on en a rencontrées quatre ou cinq, mais clairement c’était nous qui passions l’entretien d’embauche », ajoute-t-elle. La situation est d’autant plus complexe que le nombre d’assistantes maternelles agréées continue de chuter, comme l’indique l’Observatoire des métiers de la petite enfance.

Pour donner un nouvel élan à cette profession, il est donc impératif de réinventer les conditions de travail et d’accroître la reconnaissance sociale des assistantes maternelles. Cela passe par des mesures concrètes : revalorisation salariale, amélioration des conditions de travail, et davantage de soutien de l’État pour les structures d’accueil.

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