L’Australie, le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas ont engagé une procédure juridique contre les Talibans lors de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette mesure exige des comptes sur le traitement des femmes en Afghanistan, où les droits fondamentaux des femmes ont été gravement violés depuis la prise du pouvoir par le groupe islamiste en 2021.
« La communauté internationale doit utiliser toutes les voies de recours possibles pour mettre fin aux violations des droits humains omniprésentes en Afghanistan », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Ce combat pour la justice pourrait bientôt prendre la forme d’une audience devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Les femmes rendues invisibles par les Talibans
Depuis le retour des Talibans au pouvoir en août 2021, les libertés fondamentales des Afghanes ont été écrasées sous un régime autoritaire qui exclut la majorité des femmes de la vie sociale, économique et politique du pays. « Un écureuil a plus de droits qu’une fille en Afghanistan », a déclaré Meryl Streep, actrice américaine, lors d’un discours aux Nations unies.
Les Talibans ont imposé une interprétation stricte de la loi islamique, interdisant aux femmes d’étudier au-delà du primaire, de travailler dans de nombreux secteurs, de se rendre dans des espaces publics comme les parcs et les salons de beauté, ni même de faire entendre leur voix en public. « Les Talibans (…) ont effacé (les femmes) de toutes les sphères de l’existence et les ont privées de tous leurs droits et de leur dignité de façon systématique », a déploré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
Une première mondiale : la CIJ saisie pour défendre les droits des femmes afghanes
Face à cette situation, plusieurs pays ont décidé de prendre des mesures pour rendre justice aux femmes et aux filles afghanes. L’Australie, le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas ont lancé une procédure juridique devant la Cour internationale de justice. L’objectif est de faire valoir que l’Afghanistan, sous le régime taliban, viole la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, un traité international auquel le pays est signataire. Cette démarche pourrait aboutir à une audience officielle où les Talibans seraient contraints de répondre de leurs actes devant la justice internationale.
C’est la première fois que des gouvernements demandent à la CIJ de juger des violations des droits humains spécifiques aux femmes dans le cadre d’un conflit politique interne. Selon Penny Wong, la ministre australienne des Affaires étrangères, cette action est « sans précédent » et marque une étape importante dans l’effort pour protéger les droits des femmes afghanes.
La résistance des Talibans et les obstacles à la justice
Si cette action judiciaire représente un espoir de justice pour les Afghanes, elle rencontre cependant plusieurs obstacles. Le gouvernement taliban a réagi à cette initiative en la qualifiant d’« infondée » et en rejetant les accusations de violation des droits des femmes. Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint des Talibans, a minimisé les critiques internationales en les qualifiant de mensonges.
De plus, l’Afghanistan n’a pas ratifié la Cour pénale internationale (CPI), ce qui complique encore l’action en justice contre le régime taliban. Toutefois, la Cour internationale de justice, à la différence de la CPI, est un tribunal intergouvernemental, ce qui permet à des États membres de porter plainte contre un autre État pour des violations du droit international, même sans consentement direct du gouvernement afghan. Cela rend l’action potentiellement plus contraignante si elle parvient à convaincre le tribunal de l’ampleur des violations et de leur caractère systématique.
L’impact international et l’avenir des droits des femmes
Cette action en justice envoie un message fort : l’impunité n’est pas une option. Le soutien international à cette initiative pourrait encourager d’autres pays à adopter des mesures similaires, renforçant ainsi la pression sur des régimes oppressifs.
En fin de compte, l’issue de cette action judiciaire pourrait non seulement changer la situation en Afghanistan, mais aussi constituer un tournant important dans la protection des droits des femmes à travers le monde. Cependant, cela nécessitera une pression internationale continue et un engagement ferme à garantir que les Talibans rendent des comptes pour leurs actes répressifs.
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