Sarah Allard, autrice et conférencière sur des sujets tels que le bonheur et la psychologie positive, explique l’importance des émotions. Elle a récemment sorti son dernier livre “Sunday, Monday, Happy Days : 101 expériences de psychologie positive pour être heureux 7 jours sur 7”, un ouvrage paru aux éditions Larousse. C’est au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices, qu’elle livre les secrets d’une vie plus épanouie.
Comment fait-on pour accueillir et apprivoiser ses émotions ?
C’est tout un apprentissage d’accueillir et d’apprivoiser ses émotions. Et on a pas vraiment appris ça à l’école malheureusement. La première chose c’est de les identifier, d’être à l’écoute de soi-même et de ses sensations.
Notre corps est une boussole. Si vous vous dites “non c’est bon tout va bien” et que vous êtes complètement tendu de partout, c’est que tout ne va pas bien. Donc écoutez ça, c’est la première chose. Ensuite, essayez de mettre des mots sur les émotions. C’est tout bête mais ce n’est pas la même chose d’être frustré, agacé, curieux…
Comment faire face aux émotions négatives qui nous envahissent ?
Je dirais que, un des éléments les plus importants qu’on a vraiment à réapprendre c’est de s’autoriser à vivre ses émotions, notamment les émotions dites négatives ou désagréables. Et moi, j’étais la première à essayer de tout de suite revenir dans le positif. En plus je travaille dans ce domaine là. C’est important de prendre le temps de les accueillir.
J’aime bien observer dans le corps ce que je suis en train de dire et laisser ces émotions faire ce qu’elles ont à faire. Parce qu’elles ont elles sont là pour une raison, et j’aime bien l’idée de leur donner des micros. Moi je dis toujours “tiens, je vais leur donner le micro, à cette partie de moi qui est peut-être en colère ou qui est frustrée. Qu’est-ce qu’elle veut me dire ? Quel est le besoin qui n’est pas satisfait ?”.
J’ai vraiment envie d’insister là-dessus parce que, on nous a beaucoup appris “ne pleure pas, ne sois pas triste”. C’est ce qu’on dit beaucoup aux enfants. Mais l’enfant et l’adulte ont besoin parfois de pleurer et même d’être en colère ou de râler : s’exprimer. Et donc on a le droit de le faire. En tant que femme encore plus, car on a appris à tout intérioriser en nous faisant comprendre qu’il faut être bien sage et pas faire de vague.
Quel est le risque, à force d’intérioriser nos émotions ?
On dit beaucoup que tout ce qui ne s’exprime pas va s’imprimer. Et ça va créer tout un tas de problèmes psychosomatiques et même des maladies, parfois très graves. Donc c’est important, c’est un message que j’ai vraiment envie de faire passer : ressentons nos émotions.
Il y a évidemment des stratégies pour réguler ces émotions. Parce qu’une émotion normalement, elle dure pas 4 mois. L’émotion, elle dure de quelques secondes à quelques minutes. Si ça dure et si ça s’installe, là oui, on va mettre en place des stratégies de régulation.
Quelles sont les exercices que nous pouvons faire pour être dans une meilleure maîtrise de ses émotions ?
Par exemple, on peut apprendre à dire non. C’est une stratégie qu’on oublie parfois. Si vous ne pouvez pas changer la situation, changez votre perception. Il y a tout un tas d’autres stratégies, qu’on peut mettre en œuvre.
Mais souvent, on oublie ce pouvoir qu’on a effectivement de dire non à certaines choses. Et ça parfois, c’est même vital, de se respecter. Parce que quand on dit non à quelque chose, on dit toujours oui à autre chose. Et souvent on se dit oui à nous-mêmes, on dit oui à ce qui est vraiment essentiel, à nos valeurs fondamentales, aux projets qui sont essentiels pour nous. Donc ça, c’est un apprentissage essentiel de dire non mais aussi de modifier la situation.
Vous parlez aussi beaucoup de confiance en soi. Comment la développer selon vous ?
C’est vraiment comme un muscle la confiance en soi. C’est vraiment quelque chose qui se travaille. Le philosophe Charles Pépin nous dit que dans la confiance en soi, il y a trois leviers : la confiance en soi-même, la confiance en l’autre, la confiance en la vie (la foi).
Pour la confiance en l’autre c’est important de s’entourer de personnes qui vont nous donner confiance. Il faut faire attention aussi à tout ce qui nous entoure, car cela a un impact énorme sur notre confiance. Et puis, ne pas oublier que la confiance, ça se travaille en multidimensionnel : notre optimisme, notre mental, nos pensées positives bien pratiquées…
Il faut aussi que cette confiance soit un sentiment profondément ancré au niveau du cœur, des émotions. Ça peut se travailler par la visualisation : se visualiser en train de réussir ce qu’on a envie de réussir et toutes les personnes qui vont être impactées positivement.
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