Plus de 100 buts et un palmarès détonnant qui regroupe notamment quinze Championnats de France, neuf Coupes de France, ainsi que huit Ligue des champions, Wendie Renard est une immense athlète. C’est lors d’une rencontre inédite organisée par Mastercard sur les “femmes dans le sport”, dans le cadre du Women Leadership Network, que la capitaine de l’Olympique Lyonnais nous a raconté son histoire et a insisté sur l’importance de la formation des jeunes filles.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis née en Martinique. J’ai toujours fait énormément de sport, du triathlon, du handball, mais un jour j’ai découvert le football. J’avais 6 ans. J’étais la seule fille dans une équipe de garçons. Ce n’était pas une équipe mixte attention ! J’étais toute seule. C’est avec eux que j’ai pris du niveau. J’ai appris à me faire respecter, à être plus rapide… J’ai ensuite quitté mon île à 16 ans pour venir jouer en métropole. Ici encore, je me suis entraînée un an avec les garçons ! Puis mon aventure avec Lyon a commencé, et je suis ici aujourd’hui. Je suis la preuve que tout n’est pas linéaire dans la vie. Il y a des hauts et des bas. Il ne faut jamais perdre confiance en soi !
Constatez-vous des changements dans le traitement des joueuses à Lyon?
On a fait énormément de chemin ! On a de meilleurs entraînements, de belles infrastructures. Le Président, Jean-Michel Aulas, a investi énormément de moyens chez les filles à la fusion avec le FC Lyon (en 2004 NDLR). Il faut le dire, nous attirons aussi de meilleurs sponsors ! C’est grâce à nos passages à la télévision, qui n’arrivaient jamais avant. Nous avons également gagné l’intérêt et le respect du public et des garçons, grâce à nos bons résultats. Attention ! Je ne cherche pas leur respect, je fais du sport de haut niveau comme les garçons, c’est autant de sacrifices. Je ne vois jamais ma famille, je suis loin de chez moi, je me donne à 100% pour le club et pour gagner.
Vous êtes l’une des meilleures joueuses du monde, ressentez-vous une responsabilité de “role model” pour les jeunes filles ?
C’est assez naturel ! En grandissant, je n’ai été inspirée que par des joueurs masculins comme Ronaldinho ou Puyol car il n’y avait pas de femmes. Je me dois de donner l’exemple et d’être là pour les petites filles. C’est drôle car beaucoup de petits garçons me disent que je les inspire aussi, ça me touche beaucoup ! L’avenir du football c’est les enfants, il faut tout miser sur eux, sur leur formation et être là pour eux. Aujourd’hui, les petites filles sont de plus en plus encadrées, tous les clubs s’y mettent, c’est génial à voir.
Qu’attendez-vous pour le football féminin dans les années à venir ?
Il manque beaucoup de choses mais il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Quand je suis arrivée il y a 13 ans, nous n’avions même pas de vestiaire. Avant, les femmes n’avaient rien, aujourd’hui, nous avons un peu et espérons avoir encore davantage plus tard ! Il faut continuer le combat pour l’égalité mais je suis confiante pour les années futures. En termes de salaires, bien sûr nous pouvons attendre plus, mais je ne suis pas pessimiste sur le sujet. Plus globalement, il faut que les femmes dans le sport prennent plus confiance en elles. Nous nous posons beaucoup trop de questions sur notre force et cela fait notre faiblesse.