Frédérique Lavoine, ancienne nageuse en compétions nationales et internationales, est aujourd’hui Senior Government Bonds Broker chez Aurel BGC, un des leaders mondiaux dans le courtage sur les marchés financiers. En poste depuis 15 ans, Frédérique Lavoine est une des rares femmes à exercer le métier de “broker” (courtier). Au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices, Frédérique Lavoine explique en quoi son ancienne carrière sportive lui a permis d’exercer son métier actuel avec une mentalité d’athlète. Extrait.
Dans quelle mesure cette détermination, que vous avez acquise en compétition, vous accompagne aujourd’hui dans votre métier ?
Être déterminé-e, c’est avoir la volonté de surmonter les défis. C’est rester concentré sur ses objectifs malgré les obstacles. C’est maintenir son niveau d’exigence au plus haut. S’agissant de la compétition, tout le monde comprend de quoi on parle. Dans mon métier, c’est un peu la même chose. Quand on est broker, chaque jour est une page blanche. Tous les jours, il faut aller chercher les intérêts de ses clients.
Nos clients nous donnent des ordres, nous demandent d’acheter ou de vendre des obligations d’état. Par exemple, je peux avoir HSBC, Citibank, ou J.P. Morgan comme clients, donc seulement des bancaires. Ils peuvent nous demander d’acheter un certain type d’obligation à un certain prix. Mon rôle est d’aller trouver la personne en face qui va vouloir la vendre au prix demandé.
Le matin, quand j’arrive, il faut que je récupère des ordres. Il faut que je construise un business de A à Z tous les jours. Un ordre est valable à la minute et non une heure plus tard. Il faut avoir cette détermination à aller satisfaire l’intérêt du client dans l’instant. Il faut être réactif et très concentré à chaque instant. Et il faut l’être tous les jours !
Cette détermination que j’ai acquise dans le milieu sportif, aujourd’hui me sert à chaque instant. C’est le même état d’esprit que l’on a quand on est en compétition. C’est comme aux Jeux Olympiques. (…) On ne peut pas se dire tous les trois matins que ça ne va pas et que l’on fera plus tard. Il faut tous les jours avoir cette rigueur pour atteindre l’objectif et recommencer en permanence.
L’esprit d’équipe est-il une valeur que l’on mobilise dans les sports individuels ou en salle de marché ?
L’esprit d’équipe est aussi très important. On peut dire que la natation est un sport individuel, mais on ne peut pas atteindre le haut niveau en étant seul.(…) Même dans un sport individuel, les entraîneurs, les kinés, les préparateur mentaux, les équipes de médecins ainsi que les coéquipiers d’entraînement sont une équipe.
Dans mon métier, même si les contraintes sont différentes, il y a beaucoup de similitudes. Être broker, c’est travailler dans une salle de marché plus de 10 heures par jour avec les mêmes personnes. Nous sommes totalement interdépendants, c’est-à-dire que si quelqu’un ne fait pas son travail, ça dessert toute l’équipe. Il faut se partager le business, les clients, entre nous.
Il y a aussi une concurrence bien sûr, puisque l’on est obligés de se partager le business. Comme dans un sport individuel, nous faisons allié et concurrent. Mais sans l’équipe, on n’est rien. Il ne s’agit pas seulement d’être collègue, il faut être une équipe et avoir l’esprit d’équipe.
Comment attirer des jeunes femmes dans votre profession ?
Aujourd’hui, 95% des CV que l’on reçoit, sont des CV d’hommes. Pourquoi les femmes ne se dirigent pas dans cette voie ? (…) C’est là-dessus qu’il faut travailler, et dès la formation.
C’est un métier très enrichissant pour les jeunes femmes qui cherchent une carrière non routinière, qui veulent du challenge et qui veulent s’enrichir. La rémunération est très intéressante puisqu’elle dépend de nos performances et peut devenir très élevée.
On pourrait dire aussi que l’on réussit dans un domaine qui est traditionnellement masculin et ça peut être gratifiant. On brise les barrières, on ouvre la voie à d’autres femmes…
#5000VOICES est une initiative rendue possible grâce à nos partenaires Engie, Accor, Transdev, La Fondation RAJA, Aurel BGC, Veolia et Mastercard.
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