Audrey Maubert, directrice de la rédaction de BFM Business, se livre sur son parcours en tant que femme qui a évolué professionnellement dans un milieu considéré comme masculin. Journaliste puis directrice adjointe de la chaîne, Audrey Maubert anime aussi l’émission « Iconic business. » Au micro de Cynthia Illouz, fondatrice de The Women’s Voices, elle exprime l’importance de donner de la visibilité aux voix féminines, toujours minoritaires à l’écran.
Est-ce que ça a été difficile d’arriver à ce poste de direction à BFM Business ? Est-ce encore une épopée pour les femmes, d’arriver à ces postes-là ?
Je pense qu’il faut saisir les rencontres et les opportunités. Le chemin n’était pas tout tracé quand j’ai commencé. J’ai fait à peu près fait tous les postes à BFM Business : du desk à l’édition, en passant par rédactrice en chef de la matinale. C’est petit à petit, qu’il faut apprendre à se faire confiance.
Il faut faire confiance aux équipes. On arrive ensuite par des biais détournés et par le biais des rencontres, à se dire que c’est possible. Donc, finalement on ne rentre pas dans l’entreprise en se disant : « c’est comme ça que ça va se terminer ». Mais c’est au fur et à mesure, où on se dit qu’il y a des possibilités.
Avez-vous déjà subi une forme de sexisme ou de discrimination au cours de de votre carrière ?
On peut parler de sexisme ou d’une autocensure. Cela fait écho aussi à ce que l’on peut voir du côté de nos experts : Est-ce que l’on prend moins la parole ? Est-ce que l’on se positionne moins ? Est-ce qu’on laisse un peu plus de côté nos convictions par rapport à un milieu qui est quand même très masculin ? Est-ce qu’il y a eu des petites phrases ou des petites réflexions ? Dans d’autres entreprises, ça fait partie du schéma.
Il faut parfois se faire violence et s’écouter davantage. Il faut se positionner davantage parce qu’encore une fois, il y a une part aussi d’autocensure dans le parcours des femmes.
Comment faites vous pour promouvoir la diversité et la place des femmes chez BFM Business ?
Il faut que cela devienne une vraie stratégie pour l’entreprise de se dire « il faut plus de femmes ». Il faut qu’on entende davantage les femmes dans le monde économique et dans le milieu des affaires. Et il y en a de plus en plus. L’enjeu, c’est qu’elles prennent la parole.
Ça doit devenir une vraie stratégie, un vrai positionnement. Il faut se dire “sur le casting de mes invités, je dois entendre parler les femmes et adapter ma programmation”. Dans ma recherche d’invités, je dois aller chercher des profils un peu différents et qu’on entend moins. Mais il faut faire cet effort aussi dans la stratégie de l’entreprise, et dans la programmation d’aller chercher d’autres voies.
C’est encore un challenge de trouver des expertes. A-t-on les ressources nécessaires pour les trouver ?
Elles ont encore un peu de mal à venir. Il y a des programmateurs qui font tout à fait attention à la parité, mais ça vient petit à petit. Mais finalement, il n’y a pas tant de femmes que ça. Nous avons aussi souvent des binômes de co-fondateurs et co-fondatrices, et souvent c’est le cofondateur qui vient prendre la parole.
Tout à l’heure, on parlait d’autocensure. Les femmes passent plus de temps à exercer leur expertise dans leur domaine d’activité plutôt que d’aller la transmettre sur les plateaux. Mais petit à petit, ça évolue. Ça demande plus de temps et plus de force de persuasion pour justement leur dire qu’on veut les entendre : “votre voix compte et il faut venir partager cette expertise au même titre qu’un homme”. Mais ça reste un vrai sujet et quelque chose sur lequel on doit encore évoluer.
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