VIDEO – Hubertine Auclert, née le 10 avril 1848, est une figure marquante du mouvement féministe du XIXe siècle. Journaliste, écrivaine et militante féministe, elle s’est battue pour l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote.
Placée dans une pension de religieuses à l’âge de neuf ans, Hubertine Auclert envisage de devenir religieuse chez les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul mais n’y est pas acceptée. À la mort de sa mère, elle est placée par son frère dans un couvent à Montluçon. Jugée trop indépendante par les religieuses, elle est écartée une seconde fois de la vie monacale. Elle décide alors de se mobiliser pour la République et les droits des femmes. « J’ai été presque en naissant une révoltée contre l’écrasement féminin, tant la brutalité de l’homme envers la femme m’a de bonne heure déterminée à revendiquer pour mon sexe l’indépendance et la considération ».
Arrivée à Paris et militantisme pour le droit de vote
Elle déménage à Paris en 1873, à une époque où les femmes exigent des changements concrets dans le code Napoléon en faveur de l’éducation, de l’indépendance économique pour les femmes, du divorce, du droit de vote, etc. Hubertine Auclert rejoint l’Association pour le droit des femmes. Elle exige pour les femmes le droit de se présenter aux élections ainsi que le droit de vote. Selon elle, le régime civil inégal entre hommes et femmes n’aurait pas été voté si les femmes avaient pu être présentes à l’Assemblée.
Elle fait paraître des articles dans les journaux dont l’Avenir des femmes. En 1876, elle fonde la société Le Droit des femmes, qui soutient le droit de vote pour les femmes. « Femmes de France, nous aussi nous avons des droits à revendiquer : il est temps de sortir de l’indifférence et de l’inertie pour réclamer contre les préjugés et les lois qui nous humilient. Unissons nos efforts, associons-nous ; l’exemple des prolétaires nous sollicite ; sachons nous émanciper comme eux ! ».
Le , elle lance La Citoyenne, un journal qui, plaidant avec force pour la libération féminine, reçoit le soutien de l’élite du mouvement féministe. Hubertine Auclert dénonce la loi sur le divorce qui ne permettait pas aux femmes de garder leur salaire. Elle propose l’idée radicale d’un contrat de mariage entre conjoints avec séparation de biens.
Colonialisme et féminisme
En 1888, elle s’établit pour quatre ans en Algérie, Hubertine Auclert estime que le colonialisme français a aggravé la situation des femmes. Les autorités coloniales ont toléré le maintien des lois et pratiques coutumières qui mettent les femmes indigènes en infériorité, voire en esclavage, et ont provoqué la déscolarisation des filles en confisquant les écoles religieuses et en fermant l’école.
L’instruction publique est refusée aux filles, pour des raisons de coût jugé insupportable et sous prétexte que des femmes instruites seraient rejetées tant par la société européenne que par leur propre société. Hubertine Auclert souligne que les Européens qui prétendent soutenir la population locale s’opposent eux aussi à toute évolution d’un mode de vie traditionnel.
Après son retour en France, en 1892, et jusqu’à sa mort en 1914, elle milite en faveur des femmes arabes. Elle publie en 1901 Les Femmes arabes en Algérie.