Actrice récompensée du prix d’interprétation à Cannes en 2022, l’actrice Zar Amir Ebrahimi co-réalise le film “Tatami”. Le scénario résonne dans le contexte sportif des Jeux Olympiques et celui du régime religieux en Iran.
Un conflit générationnel pour la liberté
Si la co-réalisatrice et actrice fuit son pays natal, l’Iran en 2008, son dernier film, “Tatami” s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel au croisement des Jeux Olympiques et de la politique iranienne. Le scénario particulièrement touchant nous embarque dans Leïla, une judokate iranienne, et son entraineuse Maryam qui se rendent au championnat du monde avec la ferme intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Seulement, l’athlète fini par recevoir l’ordre de déclarer forfait pour ne pas avoir à affronter une judokate israélienne, sous peine de mettre sa famille en danger. On comprend alors le dilemme autour de sa liberté, qui est le prix pour que sa famille soit seine et sauve.
L’actrice oscarisée qui travaille avec le cinéaste israélien Guy Nattiv sur ce film, explique qu’elle souhaitait souligner “le conflit de générations entre le personnage d’entraineuse, soumise et humiliée par le régime pendant des années et sa jeune judokate qui se révolte, animée par un sentiment très fort de liberté”. Si l’objectif n’est jamais de transmettre un message, il en est autrement cette fois-ci :“Je déteste transmettre des messages à travers mes films, mais j’espère que nos 7 collaborations véhiculent un message de la paix.”
Le film, presque documentaire, est basé sur de faits réels. En noir et blanc, cette tonalité particulière, met le courage à l’honneur et illustre le prix de la liberté. Un courage dont de nombreuses athlètes iraniennes ont déjà fait preuves auparavant. Qu’il s’agisse de Sadaf Khadem, première boxeuse iranienne réfugié en France ou de Elnaz Rekabi en passant par Parodia Ghasmeni, il salue le courage de toutes les athlètes qui se battent pour les droits de femmes. Il était particulièrement important pour l’actrice et réalisatrice que le filme colle à la réalité : “J’ai tellement donné mon avis partout parce que j’étais très inquiète pour tout ce qui était authentique par rapport au Judo”.
Un écho au contexte sportif actuel
Le film est d’autant plus touchant et percutant qu’il est réalisé durant un contexte sportif très proche du scénario. C’est l’actrice et cinéaste iranienne qui voit un parallèle bouleversant entre son nouveau film et un événement particulier s’étant tenu lors des Jeux Olympiques de Paris. «Aux Jeux olympiques de Paris, j’ai été bouleversée par ces deux championnes iraniennes de taekwondo qui, après la finale, s’enlacent sur le podium».
Ces deux championnes iranienne, ce sont Nahid Kiani et Kimiah Alizadeh. Les deux athlètes remporte respectivement la médaille d’argent et de bronze. Si la première concoure pour l’Iran, la seconde participe pour la Bulgarie après sa fuite d’Iran.
Lors de la remise des médailles, les deux athlètes et amis s’enlacent. Selon Zar Amir Ebrahimi, “ce geste dit tout de la souffrance et de la lutte des athlètes iraniens sous l’emprise du régime religieux”. Une image qui marque le monde olympique mais que censure la République islamique.
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