Sophie Lloyd réhabilitée par le cercle de magie autrefois réservé aux hommes

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Mathéa Mierdl

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Trente ans après avoir été exclue pour avoir infiltré un cercle de magie réservé aux hommes, Sophie Lloyd est enfin réhabilitée par le prestigieux Magic Circle de Londres. L’organisation, longtemps fermée aux femmes, lui rend aujourd’hui hommage lors d’une cérémonie officielle.

La reconnaissance officielle de Sophie Lloyd au Magic Circle

Trente ans après son exclusion, Sophie Lloyd devient officiellement membre du prestigieux Magic Circle à Londres. Cette société de magie, fondée en 1905, interdit alors l’accès aux femmes, ce qui pousse Sophie à contourner la règle. Pour être admise, elle se fait passer pour un homme, adoptant l’identité de Raymond pendant dix-huit mois. Elle réussit brillamment les épreuves d’admission : un spectacle de vingt minutes devant deux cents personnes et trois examinateurs, suivi d’un long entretien, sans jamais éveiller le moindre soupçon. Cette ruse ne constitue pas un caprice personnel. Elle s’inscrit dans une démarche militante, entreprise avec la complicité d’une autre magicienne, Jenny Winstanley, aujourd’hui décédée. Ensemble, elles cherchent à prouver que les femmes possèdent autant de talent que les hommes dans l’art de la magie. Leur audace leur permet de franchir les barrières d’un monde exclusivement masculin, mais elle leur coûte cher.

Pendant 18 mois, Sophie Lloyd se transforme donc en Raymond Lloyd afin d’intégrer le Magic Circle. À l’époque, cette organisation de magie est exclusivement réservée aux hommes. En 1991, le Magic Circle s’ouvre enfin aux femmes. C’est à ce moment que Sophie révèle sa véritable identité, espérant être reconnue comme membre légitime. Pourtant, loin d’être saluée pour son courage, elle subit une expulsion immédiate. Les membres de l’organisation considèrent sa démarche comme une « tromperie délibérée », et la rejettent violemment, tout comme sa complice Jenny. Sophie dit ne pas avoir compris sur le moment la gravité de leur réaction. Pour elle, il s’agit d’un jeu, d’un acte de provocation intelligent. Mais la société, figée dans ses traditions, réagit avec froideur. Blessée, elle continue sa carrière de magicienne pendant plus de dix ans avant de quitter le Royaume-Uni. Mais aujourd’hui la roue tourne. Sophie Lloyd, son talent et sa ténacité seront recompensés lors d’une cérémonie officielle.

Une quête de réparation d’une injustice

Depuis plusieurs mois, le Magic Circle cherche activement à retrouver Sophie Lloyd. La nouvelle direction de l’organisation, plus progressiste, souhaite lui présenter des excuses officielles. Ils parviennent finalement à la localiser à l’étranger. Ce jeudi, ils lui remettent un certificat de membre au cours d’une cérémonie en son honneur. Laura London, première femme à diriger le Magic Circle, exprime sa joie à la BBC : « C’est tellement excitant après tous ces mois passés à traquer Sophie… Je ne peux pas vous dire à quel point nous sommes heureux de l’accueillir à nouveau. » Cette cérémonie marque un tournant dans l’histoire de la société. Elle ne célèbre pas seulement une femme talentueuse injustement exclue, mais aussi une forme de réconciliation. La reconnaissance de Sophie Lloyd symbolise une volonté de changement au sein d’une institution qui, pendant longtemps, marginalise les femmes.

L’événement permet également de rendre hommage à Jenny Winstanley, la magicienne qui soutient Sophie dans son projet. Laura London lui adresse quelques mots touchants : « C’était une femme merveilleuse, qui aurait adoré être ici et que j’aurais aimé pouvoir rencontrer. » Par ce geste, le Magic Circle reconnaît aussi le rôle historique de Jenny dans cette aventure audacieuse. Malgré l’ouverture aux femmes depuis plus de trente ans, elles ne représentent encore qu’environ 5 % des 1 700 membres du Magic Circle. Le chemin reste long pour atteindre une véritable égalité. Toutefois, la réintégration de Sophie Lloyd envoie un signal fort : les mentalités évoluent, et l’organisation semble enfin prête à reconnaître le talent sans distinction de genre.

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