« Oxana » : au cinéma, le destin tragique d’une fondatrice des Femen

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La rédaction

Derrière les corps dénudés qui ont marqué les esprits, le film Oxana, en salles mercredi, propose un retour poignant sur l’histoire d’Oksana Chatchko, l’une des fondatrices du mouvement Femen. Sept ans après son suicide à Paris, ce biopic, réalisé par Charlène Favier, explore les zones d’ombre d’une figure féministe radicale et complexe.

Fondatrice des Femen : une vie brûlée par l’engagement

Formée dès l’enfance en Ukraine à la peinture d’icônes orthodoxes, Oksana Chatchko cofonde, encore très jeune, avec deux amies, ce qui deviendra l’un des mouvements féministes les plus emblématiques du début des années 2010 : les Femen. Les actions du groupe, souvent seins nus, visant à dénoncer l’oppression politique et religieuse, marquent les esprits à Kiev, puis au-delà.

Mais derrière la puissance symbolique des manifestations, la réalité est brutale : répression, exil, et solitude. Après une action en Biélorussie en 2011, Oksana et ses camarades subissent une répression sévère et doivent fuir. Elles se réfugient à Paris en 2013. C’est là qu’Oksana, désillusionnée, quitte l’organisation, reprend son activité artistique, puis met fin à ses jours en 2018.

Une actrice ukrainienne pour incarner Oksana

Pour interpréter Oksana, la réalisatrice Charlène Favier a choisi de travailler avec une équipe d’actrices ukrainiennes. Un choix politique autant qu’artistique, dans un film marqué par la guerre actuelle en Ukraine, qui a contraint l’équipe à tourner entre Paris et la Hongrie.

« Oksana et ses amies sont allées contre leurs familles, contre leurs parents, elles ont quitté leur ville natale. Elles n’avaient pas d’argent, pas de nourriture. Oksana a donné toute sa vie aux Femen. C’est aussi pour ça que sa vie a été si courte », confie Albina Korzh, l’actrice principale.

Une héroïne « incandescente, ambivalente, habitée, spirituelle, révolutionnaire… »

Charlène Favier, connue pour son premier long-métrage Slalom, continue d’explorer les failles humaines avec Oxana. Fascinée mais perplexe devant les premières actions des Femen à Paris, elle raconte : « Quand les Femen sont arrivées à Paris et qu’on les a vues pour la première fois, je pense que j’ai été comme tout le monde, mi-fascinée, mi-agacée. Je n’ai pas vraiment compris, parce qu’on n’avait pas d’une explication claire sur pourquoi elles manifestaient comme ça. »

C’est en creusant la figure d’Oksana qu’elle trouve un fil rouge : « Oksana était incandescente, ambivalente, habitée, spirituelle, révolutionnaire… J’ai essayé de rentrer dans cette réalité hallucinée. »

Le film interroge sans asséner : Oksana a-t-elle été broyée par la médiatisation, les tensions internes du mouvement, ou la mémoire indélébile de la violence subie ? Oxana propose des pistes, mais laisse le spectateur face à ses propres réponses.

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