Nobel de littérature : la sud-coréenne Han Kang primée

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Mathéa Mierdl

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Le prix Nobel de littérature 2024 est décernée à l’autrice sud-coréenne Han Kang. Cette victoire marque un tournant pour l’histoire de la culture du pays de la poète. Cette victoire est non seulement celle de l’artiste, mais c’est aussi le premier prix Nobel par une femme asiatique.

Une autrice recouverte de prix

Le prix de littérature le plus prestigieux connait un tournant dans son histoire. C’est la première fois en 123 ans, que le prix Nobel de littérature est décerné à un artiste sud-coréen. Cependant ce n’est pas la première fois que la poétesse se voit gagner un prix. Son premier prix littéraire prestigieux, Han Kang le décroche en 2005. Le Yi Sang Literary Award est le prix littéraire le plus prestigieux de Corée du Sud. C’est le deuxième chapitre de La Végétarienne, La Tâche Mongolique, qui lui permet d’obtenir ce prix. Cette récompense est décernée aux oeuvre qui apportent une contribution significative au monde littéraire sud-coréen. À l’époque le prix Yi Sang renforce son statut d’écrivaine émergente.

En 2010, l’autrice voit son oeuvre Human Acts, récompensée du prix du roman de la littérature coréenne. Dans cette ouvre l’autrice, encore peu reconnu à l’époque, s’inspire du soulèvement qui a lieu à Gwangju en 1980. Elle y dépeint une tragédie collective, aborde la violence politique, et décrit la brutalité humaine. Pour elle cette oeuvre n’est pas une accusation. C’est un recueil de témoignage. Une assurance pour qu’une telle tragédie ne se répète pas.

L’année 2016 marque un tournant dans la carrière de l’autrice. Avec son oeuvre La Végétarienne, elle remporte le International Man-Booker Price. Cette oeuvre qui dénonce la pression sociale l’a fait découvrir sur la scène littéraire internationale. Une ascension qui ne s’arrête pas en si bon chemin. En 2023, la poète coréenne reçoit le prix Médicis étranger pour Impossible Adieux, roman qu’elle décrit elle-même comme “la bougie allumée dans les abysses de la nature humaine”. La 10 octobre elle obtient la consécration mondiale de laquelle rêve tous les auteurs. Elle est sacrée prix Nobel de la littérature 2024.

Un prix, plusieurs significations 

Si l’influence culturelle de la Corée du Sud s’est manifesté à plusieurs reprises par le cinéma, ce prix Nobel marque un nouveau tournant pour la Corée du Sud. Avant même la remise du prix, les théories concernant le vainqueur s’orientaient déjà vers une oeuvre non-occidentale.

Plusieurs candidats étaient pressentis pour obtenir la prestigieuse récompense. Parmi les auteurs coréens, Sok-Yong était cité, mais surtout un célèbre poète Ko Un était souvent mentionné comme étant “nobélisable”. Celui-ci a été disqualifié pour des accusations d’agressions sexuelles. C’est bien vers la Corée du Sud que les jurés se sont dirigés en nommant Han Kang.

La victoire de l’autrice de 53 ans n’est pas seulement une victoire personnelle. Han Kang est la première personne sud-coréenne a décroché le prix Nobel. L’académie littéraire suédoise qualifie sont travail comme “une double exposition de la douleur, une correspondance entre tourment mental et tourment physique étroitement liée à la pensée orientale“. Cette victoire a tout de même quelque chose d’ironique. Elle amplifie le “soft-power” culturel sud-coréen à travers une artiste qui a un point de vue critique sur son pays. Han Kang et les autrices féminines sud-coréenne en générale incarnent une forme de rébellion contre la culture sud-coréenne, qui reste pour le moment, très patriarcal et misogyne. Jusqu’au triomphe de Han Kang, le monde littéraire du pays était dominé exclusivement par des hommes.

 

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