Fruit d’un projet de plus de deux ans, propulsé par le mouvement #MeToo, des compositrices de musique seront mises en lumière à Marseille jusqu’au 13 avril, pour rendre hommage aux musiciennes longtemps ignorées et rendues invisibles. Venues de cinq pays différents, elle incarnent d’anciennes générations mais aussi des vibrations plus actuelles.
“Les frises chronologiques ne montrent que les hommes”
“Dans les conservatoires, les écoles de musique, les salles de classe s’appellent Chopin, Beethoven…, les frises chronologiques du Moyen-Age à nos jours ne montrent que des hommes”, relève la pianiste Nathalie Négro, qui créé cet événement musical, baptisé “Musical Bounce Back” (Rebond musical) avec sa compagnie Piano and Co.
“Citez-moi cinq compositeurs” interroge souvent cette musicienne auprès des élèves d’école de musique. Engagée de longue date dans le combat pour une meilleure représentation des femmes, elle témoigne qu’en réponse à sa question “ça fuse, mais quand je dis ‘Citez-moi cinq compositrices’, il y a une Clara Schumann (1819-1896) qui apparaît et c’est tout”.
Les spectateurs des salles ont en effet eu peu d’occasions d’entendre des compositrices pendant longtemps. Un rapport sur l’égalité hommes-femmes dans le spectacle vivant en France établi en 2006 pour le ministère de la Culture souligne que: “97% des musiques que nous entendons dans nos institutions ont été composées par des hommes”. “Et pourtant les femmes occupent une place bien réelle dans l’histoire ancienne et actuelle de la musique”, insiste Nathalie Négro.
La naissance de “Musical Bounce Back”
En plus de la France, Piano and Co s’est rendu dans cinq pays : Portugal, Chypre, Grèce et l’Arménie, grâce à un projet Erasmus cofinancé par l’Union européenne. Objectif, rechercher ce “matrimoine musical” et travailler avec de jeunes musiciennes et musiciens à établir un kit pédagogique pour que les femmes soient mieux reconnues dans la musique.
“Ils nous ont présenté les compositrices de leur pays (…), que ce soit en musique traditionnelle, électronique ou classique”, raconte Nathalie Négro. Pour ce “Musical Bounce Back”, des commandes ont aussi été passées à des compositrices.
C’est entre la bibliothèque de l’Alcazar et le Conservatoire Pierre Barbizeta, que des compositrices comme la grecque Esthir Lemi, présenteront un concert le jeudi 11 avril 2024. Ce concert-ci sera en création mondiale avec Angela Da Ponte du Portugal et les Françaises Iris Kaufmann et Mélanie Gentilhomme ainsi que Tanya Dufort joueront du daf, tambour sur cadre circulaire de tradition persane.
Le label “Génération égalité” pour ce projet
Le lendemain, la compositrice française Eve Risser proposera une oeuvre interculturelle croisant instruments traditionnels et classiques pour une soirée “compositrices européennes”. Toute la semaine, une exposition au Conservatoire mettra en lumière les artistes musiciennes découvertes lors du projet afin d’inspirer les nouvelles générations.
Une projection du film de Lisa Rovner, “Sisters with transistors”, rendra aussi hommage aux héroïnes de la musique électronique le 11 avril également. Enfin, un parcours scénographie dans les murs du conservatoire permettra de saisir toutes les dimensions déployées par le projet, avec la possibilité de découvrir notamment les témoignages, les prises de conscience et le travail de recherche mené par ces jeunes musicien.ne.s qui collaborent depuis trois ans.
En 2023, “Musical Bounce Back” reçoit le label “ONU Femmes France / Génération Égalité” pour le travail de diffusion qui a été mené à l’échelle européenne sur la place des femmes dans le milieu musical.
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