Dans son dernier long-métrage intitulé « Les Filles d’Olfa », la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania plonge le spectateur au cœur d’une histoire poignante et troublante. Ce film, qui est le gagnant du prix du Cinéma Positif, raconte la véritable histoire d’Olfa Hamrouni, une mère tunisienne confrontée à la radicalisation de ses deux filles, Rahma et Ghofrane.
Entre la fiction et le documentaire
Le film adopte une approche hybride, naviguant entre la fiction et le documentaire, créant ainsi un objet cinématographique non identifié. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans un dispositif singulier où les actrices jouant les rôles des protagonistes côtoient les personnes réelles qu’elles incarnent. Cette démarche offre une dimension particulièrement intime et interroge les frontières entre le réel et la fiction.
« Les Filles d’Olfa » explore les racines du mal en retraçant l’histoire d’une famille confrontée à la montée de l’extrémisme en Tunisie. À travers la vie quotidienne de la famille, des scènes reconstituées et des extraits de journaux télévisés, le film dépeint une société patriarcale qui opprime les femmes tout en étant obsédée par elles. La réalisatrice met en lumière le rôle complexe des mères dans cette dynamique.
La cinéaste aborde également le contexte politique de la Tunisie, en retraçant la Révolution du jasmin de 2011 et la montée des islamistes. Tout en évoquant le voile intégral prôné par certains extrémistes, le film souligne les dilemmes et les questionnements auxquels les mères sont confrontées lorsque leurs propres enfants se radicalisent.
Une voix artistique propre à Kaouther Ben Hania
Kaouther Ben Hania, première réalisatrice tunisienne en compétition à Cannes depuis un demi-siècle, affirme que ce projet est aussi un film sur le cinéma et sur les souvenirs du passé. Elle a utilisé le tournage comme un « laboratoire thérapeutique », permettant aux acteurs et à elle-même d’exprimer des émotions et des vérités longtemps enfouies.
Au-delà de son sujet spécifique, « Les Filles d’Olfa » aborde des problématiques universelles telles que la violence transmise de génération en génération et la condition des femmes dans une société patriarcale. Kaouther Ben Hania utilise le pouvoir du cinéma pour susciter une réflexion profonde sur ces questions.
👉Kaouther Ben Hania remporte le Prix du Cinéma Positif 2023, avec son film “ Les filles d'Olfa”.
👉Cette oeuvre hybride et puissante était également en sélection officielle au Festival de Cannes. #Cannes2023 #CinemaTunisien pic.twitter.com/FWbUW5NFQl
— The Womens’s Voices (@TheWomensVoice1) June 2, 2023
Le film représente également une voix artistique indépendante et audacieuse dans le paysage cinématographique tunisien. La réalisatrice souligne l’importance de la liberté d’expression et de l’absence de censure en Tunisie, qui a permis l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes talentueux.
« Les Filles d’Olfa » est un témoignage puissant qui invite le public à réfléchir.