En hommage à Germaine Richier, première sculptrice exposée au Musée national d’art moderne en 1956, une rétrospective est organisée au Centre Pompidou. Sculptures, gravures ou encore dessins … Elle rassemble près de 200 œuvres de l’artiste.
Elle a été la première femme exposée au Musée national d’art moderne et l’une des rares à avoir été célébrées de son vivant : tombée dans l’oubli depuis, la sculptrice Germaine Richier est à l’honneur d’une grande rétrospective au Centre Pompidou, à Paris. Le parcours de l’exposition retrace chronologiquement sa trajectoire artistique, éclairant les grands thèmes qui nourrissent sa pratique sculpturale (l’humain, l’animal, les mythes…).
“Notre ambition est claire : replacer Germaine Richier sous la lumière qu’elle mérite”, explique la commissaire de l’exposition, Ariane Coulondre. La carrière de Germaine Richier fut une “fulgurance“. Célébrée de son vivant malgré une carrière très courte de 1933 à 1957, exposée dans les plus grands musées internationaux, elle n’a pas survécu au temps. “C’est comme si elle était restée bloquée dans son temps”, regrette la commissaire.
Sculptures, gravures ou encore dessins … Pour réparer cette “injustice” , l’exposition propose une plongée dans l’œuvre et la vie de cette artiste que le grand public a déjà pu découvrir en 1996 sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris, ou au jardin des Tuileries en 2000, où plusieurs de ses sculptures avaient été installées.
Un art concentré sur le corps humain
Née en 1902, Germaine Richier a étudié à l’école des Beaux-Arts de Montpellier, avant de rejoindre l’atelier parisien d’Antoine Bourdelle, dont elle a été l’élève de 1926 à 1929. De cette formation naîtront ses premiers travaux, des portaits principalement, qui ouvrent l’exposition. En bronze, mais aussi en plâtre, encore éloignés des sculptures hybrides qui l’ont rendue célèbre.
Quelques années plus tard, elle délaisse les visages pour se concentrer sur les corps. Des corps creusés et tourmentés. Comme “L’orage (1947-1948) et l’Ouragane” (1948-1949), sculptures de près de deux mètres qui sont présentées dans l’exposition. On retrouve ce style dans son “Christ d’Assy” (1949-1950), qui avait fait scandale. Sans croix, le corps du Christ est décharné, rappelant ceux des rescapés de la Shoah. Son visage mutilé, déformé par la souffrance, semble déshumanisé. Face au scandale, la sculpture avait été retirée de la chapelle pour laquelle elle avait été conçue, avant d’y retourner en 1969.
Une artiste engagée
A cette même période, Germaine Richier se lance dans des créations hybrides, mi-humaines, mi-animales. Araignée, mante religieuse, sauterelle… “Le choix des animaux n’est pas anodin. A chaque fois, ce sont ceux où le féminin domine”, analyse la conservatrice, pour qui Germaine Richier “était une femme libre”.
Germaine Richier était une artiste engagée, dont les sculptures s’apprécient dans leur contexte historique. Celles créées dans l’après-Seconde Guerre mondiale et la Shoah, “L’orage” et l'”Ouragane” reflètent les traumatismes de cette période sombre de l’histoire.
L’exposition, qui doit se rendre au musée Fabre de Montpellier cet été, prévoit également une itinérance internationale.
Place Georges-Pompidou
75004 Paris
A découvrir jusqu’au 12 juin 2023