Femmes et résistance : Titiou Lecoq présente Émilienne Moreau-Évrard

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A l’occasion du 83e anniversaire de l’Appel à la résistance émis par le Général de Gaulle depuis l’Angleterre le 18 juin 1940, la journaliste et essayiste Titiou Lecoq, raconte l’histoire d’Émilienne Moreau-Évrard, résistante oubliée. 

L’auteure de “Les Grandes oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes” redonne vie et fait entendre les voix des femmes qui ont marqué l’histoire sans que l’on se rappelle de la leur. Titiou Lecoq explique que les femmes étaient très présentes lors de la résistance. Seulement, elles n’ont pas réclamé de médailles ou de reconnaissance particulières après la guerre. Elles ont simplement “repris le cours de leur vie” de professeures, pharmaciennes, infirmières…

Émilienne Moreau-Evrard, “sacrée femme !”

Parmi ces héroïnes oubliées, Émilienne Moreau-Evrard a particulièrement marqué Titiou Lecoq. À 17 ans, la jeune résistante s’engage lors de la première Guerre Mondiale, elle “décide d’organiser dans une cave une école clandestine pour les enfants”,  donne des informations sur les positions ennemies et installe un poste médical dans sa maison. A la suite de son engagement pour la Patrie, elle est reçue par le président de la République, Raymond Poincaré, puis à Londres par le roi George V. Pendant un temps, son image sera même utiliser pour entretenir le moral des troupes dans les médias.

Emilienne Moreau-Evrard n’a pas hésité et a “repris les armes” dès l’arrivée des allemands au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, “impensable pour elle de ne pas s’engager”, explique Titiou Lecoq. Institutrice, elle devient agent de renseignements et fait également passer de l’argent à la résistance. “Ce sont pour la plupart des femmes qui font les liaisons des groupes de résistance. Ce sont des femmes qui portent et distribuent souvent les journaux et les tracts. Ce sont encore des femmes qui revenaient fourbues, lasses, épuisées, rapportant aux organisations les renseignements sur la concentration des troupes.”, déclarera la résistante. “La femme française a réagi, j’oserai dire, plus vite que les hommes parce que, mère de famille, elle s’est trouvée aux prises avec toutes sortes de difficultés que ne connaissent pas les hommes.”

 

Titiou Lecoq explique qu’elle est l’une des six femmes faite Compagnon de la Libération par le général de Gaulle en 1945. Émilienne Moreau-Évrard est aujourd’hui l’une des grandes oubliées de l’histoire. “La Résistance, dans notre esprit, s’est masculinisé”, regrette l’essayiste. Chaque année des commémorations de l’appel du 18 juin ont lieu, comme au Mont Valérien, où Emmanuel Macron s’est rendu cette année. Les femmes résistantes restent souvent absentes de ces hommages.

Émilienne Moreau, « l’héroïne de Loos ». Carte postale anonyme, vers 1915.

Rencontrée lors du quatrième Festival Génération Egalité Voices organisé par ONU Femmes France, Titiou Lecoq est également l’auteure de Le Couple et l’argent (2022) et de Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale (2017).

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