“Silence, ça tourne !”, conjugué au féminin : Céline Sallette, Laetitia Dosch, et Ariane Labed, trois actrices devenues réalisatrices, présentent leur premier film à Cannes, tandis que Noémie Merlant en présente son second, et Greta Gerwig, présidente du jury, jongle avec ses deux casquettes.
Un au revoir à la case d’actrice
Les trois nouvelles réalisatrices sont dans la section Un certain regard, tandis que Noémie Merlant est hors compétition. La palme de l’originalité revient à Laetitia Dosch avec “Le Procès du chien”, un film loufoque où elle joue également, incarnant une avocate qui défend un chien ayant mordu quelqu’un.
L’actrice-réalisatrice de 43 ans est venue à Cannes avec son casting, y compris Kodi, le chien du film. “On avait peur parce que le chien ne savait pas hurler jusqu’à une semaine avant le tournage. Le truc (pour le faire hurler), c’est d’imiter un petit chaton et ça marche !”, raconte Laetitia Dosch.
Au-delà de cette anecdote, passer à la réalisation lui a permis “de choisir”. “Le vrai but, c’est que j’adore raconter des histoires”, insiste-t-elle. “J’ai eu beaucoup de fois l’impression d’être mise dans des cases comme actrice”. Après “La bataille de Solférino”, elle ne recevait que des propositions “de rôles de dépressives”. Après “Jeune femme”, que des rôles “de foldingue”. Après “Passion simple”, que des rôles “un peu sexy”.
“En tant qu’actrice, on a l’impression que le film se fait au tournage”
La réalisation lui a fait découvrir “40.000 choses”. “Je n’imaginais pas l’importance de la postproduction, du montage, du son… On peut vraiment changer l’atmosphère de scènes avec le son”. “En tant qu’actrice, on a l’impression que le film se fait au tournage”.
Tout aussi réussi, “Niki”, un biopic qui explore les tourments de la plasticienne Niki de Saint Phalle qu’elle transforme en art, est signé par la Française Céline Sallette, 44 ans, révélée par “L’Apollonide” de Bertrand Bonello. Le rôle-titre est incarné par la Québécoise Charlotte Le Bon, elle-même actrice passée à la réalisation.
Des histoires de femmes
“September says”, de la Franco-Grecque Ariane Labed, 40 ans, met à l’épreuve une cellule familiale, une mère et ses deux filles, dans un thriller psychologique.
Le point commun de ces trois premiers films est donc un certain regard féminin sur des histoires de femmes. Sans que ce nouveau chapitre de réalisatrice ne ferme celui d’actrice. Les femmes au premier plan, c’est aussi le sujet du deuxième film de la Française Noémie Merlant, “Les Femmes au balcon”, déflagration #MeToo.
“J’avais des envies, des histoires à raconter”
La benjamine de cette cuvée d’actrices-réalisatrices, 38 ans, joue un des trois rôles principaux auprès de Souheila Yacoub et Sanda Codreanu. Trois amies d’un immeuble de Marseille qui vont passer les mâles toxiques à la moulinette. En les remettant à leur place ou en leur réservant un sort plus radical.
Le film a une liberté de ton rare dans le cinéma français. Ce long-métrage profite, comme le dit Noémie Merlant, “d’un scénario écrit pendant plusieurs années, avec Céline Sciamma (réalisatrice de “Portrait de la jeune fille en feu”, NDLR) qui y participe”. Ce deuxième film, qui brasse les genres (gore, comédie, etc.), a donné à sa réalisatrice “plein de clés pour la suite”.
Greta Gerwig, présidente du jury du 77e Festival de Cannes
La Suissesse Souheila Yacoub, 31 ans, a réalisé son premier court-métrage. “J’en suis hyper-contente, je ne pensais pas le faire un jour. Je me suis rendu compte que si, j’avais des envies, des histoires à raconter. Je commence à avoir envie”, commente-t-elle.
“Il y a 15 ans, je n’aurais pas pu imaginer qu’il y aurait autant de femmes représentées dans le monde du cinéma”, avait dit l’Américaine Greta Gerwig, 40 ans, présidente du jury du 77e Festival de Cannes, en ouverture de l’évènement. Mais seulement 4 des 22 films en compétition sont réalisés par des femmes.
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