La Commission d’enquête relative aux violences sexistes et sexuelle dans le milieu culturel missionne le 7ème art de montrer l’exemple. La 78ème édition du Festival de Cannes assortie l’annonce de sa sélection, d’un « sérieux » message sur les violences sexuelles.
Le basculement de l’industrie
Le Festival de Cannes dévoile la sélection de sa 78e édition. Par la même occasion, il affiche une volonté claire : ne plus ignorer les violences sexuelles qui secouent l’industrie du cinéma. Sous les projecteurs, la responsabilité emprunte le même chemin que le glamour. Pour la première fois de sa carrière, Scarlett Johansson passe derrière la caméra. Elle est la réalisatrice de Eleanor The Great, figure en vitrine d’un renouveau timide mais symbolique. Son premier film est sélectionné pour être projeté dans la section Un Certain Regard, montre que les réalisatrices trouvent progressivement leur place dans un secteur trop longtemps dominé par les hommes. De cette façon, la réalisatrice affirme avoir tiré des leçons de la lutte contre les violences sexuelles dans le milieu du cinéma. Cette ouverture devient un signal politique dans une industrie qui apprend à écouter la parole des femmes après #MeToo.
La Commission d’enquête de l’Assemblée nationale a dressé récemment un constat glaçant. Le secteur des métiers de la culture, notamment le cinéma est milieu qui couvre les violences sexistes et sexuelle. Il a trop longtemps caché les crimes et délits, protéger les bourreaux. Le 7ème art, avec sa résonance et son exposition doit montrer l’exemple. Le rapport de la Commission d’enquête a appelé le Festival à s’emparer pleinement du sujet. L’écho à cette demande ne se fait pas attendre. Les organisateurs assurent « prendre connaissance avec sérieux et détermination » de ses recommandations. Iris Knobloch, présidente du Festival, affirme que « les femmes ne demandent plus leur place, elles l’occupent », tout en saluant la force du changement à l’œuvre. Juliette Binoche, présidente du jury, incarne à elle seule cette édition : une figure internationale, engagée, qui refuse de dissocier art et conscience.
Des réalisateurs responsables
Les femmes réalisatrices montent en puissance. Six femmes cinéastes concourent cette année pour la Palme d’Or, frôlant le record établi en 2023. Julia Ducournau, déjà récompensée pour Titane, revient avec un nouveau film porté par Tahar Rahim et Golshifteh Farahani. Hafsia Herzi entre pour la première fois en compétition. Cette dynamique confirme une mutation progressive du paysage cinématographique, même si les chiffres soulignent encore une nette sous-représentation. Le Festival promet d’ajouter d’autres titres d’ici Pâques, laissant espérer que ce chiffre augmente.
La sélection 2025 du Festival de Cannes refuse l’évasion facile. Les œuvres sélectionnées se saisissent frontalement de sujets brûlants. Elles plongent au coeur des réalités les plus sombres mettant en lumière mes violences systémique dans le monde. Le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa revient avec une film consacré à l’URSS qui rappelle que les mécanismes totalitaires sont brulants d’actualité., Kirill Serebrennikov adapte La disparition de Josef Mengele, film dans lequel il soulève la question de l’impunité. Enfin, Jafar Panahi, cinéaste iranien persécuté, revient avec un film engagé pour libérer la voix de ceux que les régimes répressifs cherchent à faire taire. Thierry Frémaux, délégué général, insiste sur un casting de qualité qui mérite d’être mis en lumière : « Ces cinéastes prennent leurs responsabilités ». La programmation reflète un monde de conflits, d’injustices, mais aussi de résistance. En creux, c’est aussi la violence symbolique et systémique dans le cinéma lui-même qui est pointée. L’écran devient donc un miroir critique et le Festival devient le lieu de confrontation entre les illusions d’une industrie et une société en quête de justice.
Chaque année l’affiche du festival est un choix minutieux. Cette année le comité choisit l’étreinte la plus connue du 7ème art français. « Un homme, une femme » de Claude Lelouch marque le cinéma en France et à l’international en 1965. Le comité explique ce choix par l’envie d’illustrer l’objectif de réunir les hommes, les femmes et tous les professionnels du l’industrie. « Quand l’époque semble vouloir séparer, cloisonner ou soumettre, le Festival de Cannes souhaite (ré)unir. Resserrer les corps, les cœurs et les âmes. »
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