La Présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, veut briser le plafond de verre qui freine encore les femmes, pourtant source d' »enrichissement » de l’économie.
Première femme à présider la BCE, Christine Lagarde a abordé le sujet de la réussite au féminin, lors d’un débat aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence. « Si les femmes accédaient à l’emploi dans les mêmes conditions que les hommes« , l’Union européenne compterait « dix millions de salariés en plus, une augmentation du PIB de l’ordre de 10% d’ici 2050. Cela veut dire un enrichissement de nos économies », a-t-elle expliqué.
« Tant qu’on associera le mot faible au mot femme, la société jugera que les femmes ne sont pas aptes à être au pouvoir, parce qu’être au pouvoir, c’est être un homme fort », a rappelé la secrétaire d’Etat française chargée de l’Europe, Laurence Boone.
« Une forme discrimination culturelle dure à secouer »
Représentant la moitié des personnes au travail, et plus diplômées que les hommes, les femmes n’occupaient que 37% des postes d’encadrement dans l’UE en 2019, et seulement 18% des cadres supérieurs, selon Eurostat. Les conseils d’administration des sociétés cotées en Bourse ne comptaient, elles, que 28% de femmes parmi leurs administrateurs.
Seulement, selon Emmanuelle Auriol, chercheuse à la Toulouse School of Economics et professeure d’économie, seuls douze pays au monde, dont la France, offraient en 2022 « une égalité parfaite dans le droit » entre hommes et femmes. « Est-ce que cette égalité de droit se traduit par une égalité de carrière, de chance ? Non, il y a une forme de discrimination, culturelle, qui dure dans le temps et qui est très, très dure à secouer », regrette-t-elle.
Ces dernières années, le Parlement français a voté des textes destinés à favoriser la parité en matière de mandats électoraux. Des des quotas de femmes aux conseils d’administration ont aussi été décidés. Des mesures toujours insuffisantes.
« Je n’ai pas encore vu une femme me demander une augmentation de salaire«
Selon la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Louise Mushikiwabo, il faut « changer les stéréotypes en les positionnant dans des postes traditionnellement réservés aux hommes ». « Quand les petits garçons voient une femme cheffe de police ou maire d’une grande ville, ils grandissent avec cette expérience-là (…), il y a un autre regard sur ce que la femme est capable de faire », explique-t-elle.
« Ce serait vraiment important que des jeunes filles s’orientent vers les disciplines qui sont souvent considérées comme des disciplines masculines. », comme les sciences et les mathématiques, a également rappelé christine Lagarde.
"Ce serait vraiment important que des jeunes filles s’orientent vers les disciplines qui sont souvent considérées comme des disciplines masculines."
Christine @Lagarde lors de la session « Où sont les femmes ? ». #REAIX
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— Le Cercle des économistes (@Cercle_eco) July 8, 2023
À la BCE, Christine Lagarde souhaite encourager les femmes « à avoir confiance en elles et le courage de briller ». Sous sa présidence, l’institution va accélérer sa féminisation, notamment pour les postes à responsabilités, où les femmes devront représenter au moins 40% en 2026. « Cela fait plus de 40 ans que je travaille dans ces milieux très masculins« , expose-t-elle. « Je n’ai pas encore vu une seule jeune femme (…) qui soit venue me demander une augmentation de salaire ou un bonus plus important parce qu’elle pensait qu’elle était meilleure. ».