Alors qu’Emmanuel Macron annonce fièrement la création de la 25ème société licorne en France, un autre bilan est à faire. Sur ces 25 sociétés, seulement une, Vestiaire collective, a été fondée par groupe qui n’est pas entièrement masculin.
Les femmes à l’écart de l’innovation ?
Les licornes sont des start-up innovantes, disruptives et qui sont valorisées à 1 milliard de dollars. En 2019, Emmanuel Macron avait annoncé un objectif de 25 licornes françaises en 2025, souhaitant valoriser les entreprises de la French-Tech. L’objectif est atteint donc trois ans en avance. Aujourd’hui, on compte en effet en France 26 entreprises licornes. Sur ces 26 start-up, une seule comprend une équipe mixte de fondateurs. Ce bilan révèle une forte inégalité dans l’accès aux financements pour la création d’entreprise entre les hommes et les femmes.
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, se désole devant ces inégalités « Je regrette qu’à ce jour les femmes soient très minoritaires au sein de ces nouvelles entreprises, qui constituent un pan économique structurant pour l’avenir ».
Des financements inégaux
C’est principalement sur la question du financement que l’écart entre les genres se crée.
Lorsque la question de l’investissement se pose, on confronte souvent les femmes à leur position d’épouse et de mère. Julie Boucon, co-fondatrice de Holy Owly, une application qui permet d’apprendre l’anglais aux enfants, témoigne « Un fond d’investissement m’a demandé des détails sur mes enfants, qui s’en occupait, des choses qu’on n’aurait jamais demandées à un homme ».
« Ils ont fini par refuser d’investir chez nous car nos maris n’avaient pas encore injecté de fonds ». explique-t-elle.
Ces discriminations se constatent dans les chiffres des financements. Le collectif d’entrepreneuses Sista dresse un triste tableau. Sur le total des fonds levés en 2020 pour l’entreprenariat, seul 3% ont étés accordés à des équipes féminines. Plus le montant des fonds accordés est élevé, moins on constate de femmes présentes dans les équipes. Une fois le cap des 100 millions franchis, on ne trouve aucune femme dans les équipes bénéficiaires des investissements.
Les investisseurs quant à eux, reconnaissent ces inégalités mais les justifient par les différences de projets proposés par les hommes et par les femmes.
Encourager les quotas de financement
Pour lutter contre ces inégalités plusieurs programmes sont créés. Un accord porté par le collectif Sista et le Conseil National du Numérique, a été accepté par une cinquantaine d’investisseurs. Ils s’engagent à travers à financer un minimum de 25% de start-up fondées ou co-fondées par des femmes. Autre sujet : donner de la visibilité aux femmes entrepreneures à succès, afin de créer des modèles et susciter des vocations. Clara Chappaz, patronne de la mission French-Tech témoigne « On espère régler des problèmes d’autocensure avec des*role models* ».