« Bâtonnières du Monde » : un collectif pour l’égalité femmes/hommes dans le monde du droit

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La rédaction

« Il nous appartient désormais de nous unir pour défendre l’égalité entre les avocats et les avocates », a déclaré Vanessa Bousardo, vice-bâtonnière du Barreau de Paris, lors du lancement du nouveau collectif “Bâtonnières du monde” à l’occasion de la 19ᵉ édition du Women’s Forum for Economy & Society. Ce collectif « vise à rassembler des femmes bâtonnières et vice-bâtonnières du monde entier pour promouvoir le droit comme un levier puissant contre les discriminations faites aux femmes ».

Les bâtonnières et vice-bâtonnières de différentes villes comme Odessa, Bouira, Louisiane,  Delaware, Bruxelles, Barcelone, Genève, et de différents pays comme la Côte d’Ivoire, l’Allemagne, l’Angleterre et le Pays de Galles ont toutes répondu présentes pour signer l’appel des Bâtonnières du Monde.

« Faire bouger les lignes » pour l’égalité dans le droit

Le projet « Bâtonnières du Monde » entend rassembler des femmes leaders du secteur juridique pour qu’elles puissent, ensemble, « réfléchir à toutes les questions qui concernent l’égalité entre les femmes et les hommes », explique Vanessa Bousardo. « À l’heure où les droits des femmes sont encore bafoués à travers le monde, il est essentiel de s’unir, en tant qu’avocates, pour faire bouger les lignes. Le droit doit être un levier pour l’émancipation des femmes et la pacification des rapports sociaux au sein de toutes les sociétés. »

En France, 57% des avocats sont des femmes, mais 30% d’entre elles quittent la profession dans les 10 premières années. « Les femmes sont toujours confrontées au plafond de verre » explique Vanessa Bousardo. C’est un frein majeur pour les avocates, notamment « lorsqu’elles ont envie d’avoir des enfants. » Elles « craignent de perdre (leur) emploi, » explique la vice-bâtonnière. La maternité devient « un fardeau » pour les femmes dans le milieu juridique et pour les femmes qui travaillent en général. « Même après leur retour dans leur cabinet, elles sont souvent écartées des augmentations ou des promotions. »

Des initiatives concrètes pour les femmes avocates

Le collectif met en place des initiatives locales qui facilitent la conciliation entre vie professionnelle et personnelle, tout en luttant contre les discriminations systémiques.

« Nous avons lancé le premier salon d’allaitement au barreau de Paris » a annoncé Vanessa Bousardo. Plus récemment, « nous avons mis en place l’externalisation du recueil pour les discriminations extérieures au barreau de paris » explique-t-elle. Les avocates et avocats victimes ou témoins de harcèlement peuvent le signaler sur une plateforme indépendante de l’Ordre, anonymement ou pas.

Le collectif « Bâtonnières du Monde » a aussi pour projet la création de crèches pour les enfants des avocats, permettant ainsi aux femmes (et aux hommes) du barreau de concilier plus aisément leur carrière et leur vie de famille.

Les actions menées localement sont autant de petits pas qui, ensemble, font évoluer le secteur et ouvrent la voie à une plus grande inclusivité. Chaque initiative locale devient un projet collectif, l’idée est de « faire communauté » pour « échanger sur les grands sujets de société. »

« Agir à un niveau international » pour lutter contre les discriminations

Il est crucial d’agir pour l’égalité « à un niveau international », non pas pour opposer les sexes, mais pour en faire un « levier de lutte contre les discriminations » précise Vanessa Bousardo.

En Côte d’Ivoire, les femmes peinent encore à trouver leur place dans de nombreux secteurs, mais des personnalités engagées, comme Florence Loan-Messan, élue bâtonnière, contribuent à faire évoluer les mentalités. Elle est déterminée à lutter contre les clichés sexistes qui persistent dans la société ivoirienne. « Être une femme n’est pas incompatible avec certains métiers. Ces problématiques d’égalité et de discrimination doivent être prises à bras-le-corps, car nous avons encore, en Côte d’Ivoire, trop de pesanteurs culturelles, certains pensant encore, comme le relate une chanson en vogue à Abidjan, que la place de la femme est à la cuisine. »

À Genève, en Suisse, la situation est similaire. Sandrine Giroud est seulement la deuxième femme à devenir bâtonnière en 129 ans. Toutefois, cela n’a pas freiné l’enthousiasme des membres de l’initiative Bâtonnières du Monde. « Nous ne sommes que des maillons, mais nous sommes déterminées à œuvrer pour l’égalité », rappelle Vanessa Bousardo. « On ne peut plus accepter que la question du droit des femmes soit vue comme une question de femmes, alors que c’est une question d’égalité. »

Au-delà des frontières, « Bâtonnières du Monde » vise à transformer la gouvernance des institutions juridiques dans le monde entier. Il est indéniable que l’influence des femmes dans les barreaux a un impact sur la dynamique de la profession et, plus largement, sur la société. Le collectif « Bâtonnières du Monde » souhaite accroître la représentation des femmes dans ces rôles clés. À ce jour, une quinzaine de bâtonnières sont déjà impliquées dans le projet. L’objectif est d’impliquer le plus de barreaux possible pour « repenser la gouvernance des institutions d’avocats lorsqu’une femme en assure la direction » explique Vanessa Bousardo.

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